Xiongmao

Deux photos. Sa haine. Et un sac avec une corde.

"Tu aimes ça hein?!"

C'était tout ce qu'elle emportait avec elle.

"T'en veux encore?! Raclure! Bonne à rien! Traîtresse!"

Là ou elle allait, elle n'en avait besoin d'aucune autre chose.
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Kimie a cessé de s'appeler Kimie lorsqu'elle a rencontré Hao. Il était un dealer de rue, venu de Chine, et elle encore une collégienne. Tout les séparaient. Elle avait une bonne situation, lui n'avait aucun avenir. Mais pourtant il s'y complaisait. Et une amitié se noua entre la Japonaise et le Chinois, une amitié qui dura. Même si Hao était beaucoup plus âgé qu'elle, cette amitié se transforma en relation amoureuse.
Là pourtant, elle s'appelait encore Kimie.

La descente aux enfers a commencé à l'école. Le lycée était un grand pas pour les parents de Kimie, mais pas pour elle. Hao gagnait de l'argent, sans avoir fait d'études. Elle traînait de plus en plus avec lui, au grand dam de ses parents qui voyaient en ce petit ami trop voyou un danger pour l'avenir de leurs fille. Ce dernier s'assombrissait de jour en jour. Les relations familiales devenaient beaucoup trop compliquées. Kimie finit par partir de chez elle. Ses 17ans à peine fêtés, elle boucla son sac et suivit Hao dans les bas fonds de la ville, pour embrasser la vie marginale de son petit ami.

C'est quand elle rencontra celui que Hao appelait son chef, que Kimie perdit son nom.

" Ahah, petit panda qu'il t'appelle, que c'est tellement mignon!"

Kimie n'avait pas aimé ce ton. Parcequ'elle ne savait pas si il était amical ou ironique. Ce visage aussi. Ces yeux bridés qui la regardaient des pieds à la tête, comme si sa simple vue délectait cet homme...Non, non décidément elle n'aimait pas cet homme. Mais il était un nom connu, un habile tacticien baignant dans de nombreux marchés pas très clairs dans la capitale. C'était pour lui que Hao travaillait. Et si elle voulait rester avec Hao, elle devait travailler aussi. Elle apprit quelques ficelles en rejoignant un groupe de femmes qui prostituaient des jeunes filles pauvres venues de Chine. On l'appelait toujours Xiao Xiongmao, partout ou elle allait. Kimie soupçonnait le chef de Hao d'avoir répandu ce surnom, et s'appliquait à ignorer les moqueries autours d'elle. Se contentant d'apprendre. D'executer avec froideur les tâches qu'on lui incombait. Celles ci devenaient de plus en plus importantes, et le "petit panda" gravissait avec aisance les échelons de la branche de proxénètes ou elle avait été affiliée.

Mais ce n'était pas pareil pour Hao. Lui devait vendre la drogue que son maître lui fournissait, et lui ramener l'argent. Hao ramenait de moins en moins d'argent. Parcequ'il consommait ce qu'il devait vendre.

Xiongmao savait que le maître sanctionnait très sévèrement ceux qui persistaient à s'opposer à lui. Et Hao était en danger. Etant sa petite amie, Xiongmao était protégée, mais si Hao venait à être tué, elle savait qu'elle reviendrait au chef. Elle parla avec Hao, parla longuement de l'avenir. Et il consentit à fuir le réseau avec elle. Voler l'argent de la drogue, de la prostitution, et partir ailleurs. Loin. Acheter un appartement, trouver un travail, se ranger.
Hao accepta. Et c'est ce qu'ils firent.

Quelques mois passèrent. Hao avait trouvé un travail. Xiongmao s'appelait de nouveau Kimie, et s'occupait du petit appartement dans lequel ils avaient emménagés, et également du bébé qu'elle portait. Elle était encore jeune, sans diplôme. Mais elle croyait en son avenir avec Hao. Elle croyait enfin avoir échappé à la rue, espérait enterrer son passé avec cet enfant.
Mais le maître les avaient retrouvés.

Il l'a frappée, nombre de fois. Elle était au sol, ne pouvait pas tenter de se relever sans reprendre un coup. Des larmes commençaient à couler sur ses joues. Son ventre lui faisait mal.

"Xiao Xiongmao, oh panda, petit panda, dis moi ou est ton ami le chien?"

Elle était terrorisée, ne parlait pas. Hao n'était pas rentré, pas encore. Il aurait dû. Elle allait mourir. Cet homme n'avait aucune âme, aucune pitié. Ils étaient deux pauvres moucherons qui avaient pensés pouvoir échapper à la pire des araignées.

"Xiao Xiongmao, répond à ton maître!"

De nouveaux coups, et un contact nouveau sur sa tempe. Froid et dur, le canon d'une arme. Elle ferma les yeux, persuadée que tout serait terminé ce soir.

Et c'est à ce moment là que Hao rentra.

Les deux hommes s'échangaient des insultes copieuses, des menaces horribles de mort que Xiongmao n'entendait pas à cause de ses sanglots et de ses tremblements. Une bataille s'en suivit, un coup de feu sourd. Comme à son habitude, le maître défigura le cadavre de Hao avec un couteau. Elle ne sentait déjà plus son propre visage, comme si il la déchirait déjà.
C'était terminé pour elle.
Il l'attacha à une chaise et recommença à la frapper, en lui hurlant des choses au visage.

"Xiao Xiongmao, ce nom charmant n'ira plus au visage que je vais te faire, ordure!"

Encore des coups, et à nouveau le canon froid sur son font. Elle leva les yeux, gravant une dernière fois le visage de cet homme si haïssable dans son esprit. Pourtant des éclats de voix. Des gens qui dévalaient la cage d'escalier. Le sourire du maître se mua en grimace. Un coup de feu le trahirait et réduiraient ses chances de s'enfuir. Alors il la laissa.

Et puis ce fut l'hopital. L'hopital ou, dans sa chambre, défilait le ballet des policiers et des infirmières. On lui apprit que les coups mal placés qu'elle avait reçu avaient eu raison du fœtus. Elle ne pleura même pas. Elle renonça définitivement à Kimie, et choisit Xiao Xiongmao comme nom définitif. Sa face n'exprimait rien, mais ses pensées demeuraient fixées sur l'homme qui avait tué Hao et son enfant. Qui l'avait tuée elle aussi, d'une certaine manière.

Elle s'est enfuie, elle a suivit sa trace. Des errances qui l'ont amenée sur cette île.
Une île dont elle n'avait jamais entendu parler, et ou des choses étranges semblaient se passer. Quelque chose avait changé en elle: ces cordes qui l'avaient attachée autrefois lui obéissaient maintenant. Elle ordonnait. Elles s'activaient. Le petit panda tenait les instruments de sa vengeance, et elle comptait retrouver sur cette île celui qui avait brisé sa vie.

Très typée, à la peau pâle et aux longs cheveux noirs et filamenteux: Xiao Xiongmao est très belle et impossible de dire si elle fait plus jeune ou plus vieille que son âge. Son visage lisse est encore celui d'une adolescente, mais ses yeux en ont bien trop vu pour conserver leurs innocence. Son corps est svelte, et elle aime s'habiller de vêtements simples et peu voyants. Sa seule coquetterie réside dans de jolies épingles à cheveux, qu'elle collectionne et arbore en toutes circonstances. Elle porte toujours une longue chaînette en guise de ceinture: discrète, mais qui peut lui servir d'arme défensive en cas de problème. Xiongmao est très belle, inutile de le nier. Mais elle se présente peu enclinte à faire valoir sa féminité auprès des autres hommes.