Aussitôt que le bibliothécaire avait ouvert la porte, Orpheus éternua plusieurs fois, devant le nuage de poussière que cette simple action avait provoqué. Oh ciel, c'était bien pire que tout ce que Naoki avait pu imaginer, vu son air qui semblait moitié étonné, moitié médusé. L'ange ne regretta pas d'avoir proposé son aide, il aurait été grandement impoli de laisser le bibliothécaire se débrouiller seul.
Ce qui frappa encore Orpheus lorsqu'il entra, ce fut les livres. Il s'approcha des étagères, et caressa la couverture d'un volume de cuir qui semblait plutôt ancien. Sa peau sensible lui restituait chaque sensation, chaque discontinuité de la couverture rugeuse, l'emplissant de sensations nouvelles. Mmh, il avait remarqué ce qu'il était capable de faire sur des gens, cet espèce de pouvoir qui l'emplissait quand il touchait quelqu'un, quand il lui parlait. Orpheus arrivait à voir dans leurs tête. Il arrivait à faire beaucoup de choses...Mais avec ce livre, ça ne marchait pas. L'ange en conclut que son pouvoir ne devait alors avoir d'effet que sur les êtres vivants. Du moins, toute personne possédant un esprit. A supposer...
La présence de Naoki le tira de sa rêverie. Ce n'était pas le moment de se poser des questions, il était là pour aider après tout! Même si il n'avait pas beaucoup de force, Oprheus avait au moins l'avantage d'être quasi infatiguable quand il s'agissait de rendre service. Levant le regard vers la détresse de Naoki face au génocide littéraire qui s'étalait sous leurs yeux, l'ange lui adressa un sourire d'encouragement
- Du travail, ça il y en a! Hm, donc c'est toi le bibliothécaire, comment désires tu que les choses soient rangées? Je t'avouerais que...J'ignore si je suis déjà allé dans une biblioth...Bibliothèque...
Sa voix s'était achevée dans un murmure, alors que son regard devenait vague. Bibliothèque. Etait il déjà entré dans une bibliothèque auparavant? Quand il n'avait pas cette apparence? Oui, sûrement....Il devait forcément être déjà venu dans un endroit de ce genre...Avec des livres...Du travail, peut être pour un travail...? Pourquoi n'arrivait il pas à se souvenir, bon sang de bon...
- Oh...Oooh désolé, j'étais un peu dans la lune. Je pense que je vais déjà commencer à trier les livres abîmés, et ceux encore en état. J'imagine qu'il serait inutile de trouver directement une place aux pauvres déchirés qui traînent au sol...
Il se baissa et ramassa délicatement un livre sur lequel il avait faillit marcher. C'était un volume moins ancien que celui qu'il avait touché sur l'étagère, mais il lui manquait plusieurs pages, si on en croyait les moignons pendant de papiers sur ses bords.
- Quelle hécatombe... Finit il par soupirer, presque pour lui même
Il espérait au moins que ce ne soient pas les élèves qui avaient mis l'endroit dans un état pareil...Seuls des sauvages pouvaient faire cela, et si il y avait ce genre d'individus dans le coin, Orpheus devinait aisément que son travail ne serait pas aisé...
